
Les nouveaux modes d’organisation induits par les réseaux sociaux
- On février 23, 2015
Causes ou conséquences, les réseaux sociaux transforment notre relations aux organisations – de quelles manières ?
Les réseaux sociaux ont été difficilement acceptés dans les entreprises, notamment à cause de l’image ludique des réseaux sociaux grand public réputés générer de la dispersion. C’est souvent leur rôle d’accélérateur en marketing et en communication qui a poussé les entreprises à franchir le pas. L’interdiction de l’utilisation des réseaux sociaux apparût aussi comme contre-productif car limitant les échanges et appauvrissant l’espace de communication. Le partage transversal et ascendant de l’information était attendu comme facilitateur d’innovation et susceptible de soutenir la culture d’entreprise.
Les réseaux sociaux ont effectivement apporté de nouveaux modes de socialisation. La pratique de ces dispositifs a eu un impact décisif sur notre manière d’entrer en relation. Ils sont en tant que tels des modèles relationnels spécifiques, en particulier pour les générations Y & Z entrant sur le marché du travail, qui se sont construites en interaction sur ces réseaux. On attend désormais des réseaux sociaux qu’ils deviennent un outil pour mieux composer avec l’humain, en vue d’accroître l’émulation du travail collaboratif.
Ces changements signifient déjà une remise en cause des modes d’organisation traditionnels. Par exemple, pour la plupart des réseaux sociaux, les instances de pouvoir sont diffuses, puisqu’aucune personne ne contrôle spécifiquement l’information, la pression sociale étant seule gardienne des échanges (à ceci qu’elle n’empêche pas tous les débordements !). Les usagers des réseaux sociaux ne distinguent souvent pas la valeur des informations quant à leurs sources, mais toute information qui y est plébiscitée peut être jugée pertinente.
L’usager du réseau social est mis au centre du dispositif comme évaluateur. C’est lui qui consent à la pertinence de l’information. Sa capacité de jugement est mobilisée en permanence, ce qui l’amène à une posture individualisée. Pourtant, cette posture ne prend sens également que dans la relation au collectif. Effectivement, l’usager n’existe qu’à condition d’exprimer son jugement face au collectif, mais il doit aussi juger de lui-même, sans faire appel à quelconque autorité ; ce qui est profondément ambigu.
Les réseaux sociaux, par la force de l’habitude, transforment peu à peu la conception de l’autorité, et induisent donc de nouveaux modes d’organisation. L’ampleur du mouvement n’autorise pas à considérer ces transformations comme un épiphénomène car c’est bien une nouvelle culture qui s’insinue petit à petit, et qui, de façon étonnante, emporte une quasi-unanimité mondiale. Telle la grammaire d’une langue influence les raisonnements, ainsi la grammaire des réseaux sociaux déterminera certainement chez les individus leur manière de participer aux organisations ; et en retour, les organisations devront s’adapter à ces individus transformés, qui sont dès aujourd’hui porteurs d’un changement de paradigme.
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